Je n’ai jamais frôlé un champ de neige en hiver, les arbres nus qui encadrent la vue, la volupté folle du tapis vierge et blanc.
Feu-follet, j’ai voulu fouler la peau tendue et frêle du manteau tombé une nuit sans sommeil.
J’ai aspiré janvier et ses réflexions glacées m’ont ouvert le corps.
Sous tes paupières, j’ai vu des vallons purs où de hautes moissons sortaient de terre. Et la main qui caresse les blés tendus.
Les sillons des chemins ont le déjà-vu des contes que l’on n’a pas encore écrits.
J’ai alors adoré mourir cent fois entre les branches du saule noir que ton ancêtre avait semé en tombant de cheval.
A courir dans la neige avec la soif d’un damné, j’ai déçu l’automne. Cet automne qui sera toujours le regret de l’été dans l’envie de l’hiver.
Excité par le sang, j’ai rué nord-sud et brûlé une saison froide.
Les montagnes que j’aime m’ont giflé (je me souviens du bouquet de tes cheveux) et à nouveau giflé (je me souviens de la cadence syncopée de ta chair).
Je maudis déjà le soleil, je tonnerre.
Je sais aussi les catastrophes qui ouvrent les yeux et ferment le cœur.
Je n’attendrai pas ce printemps séculaire qui nous perdra, forêt capillaire, fleur de vertèbres, mangrove de sueur à vif.
A présent, je parle la langue morte des indiens illicites.