À la route À tous les virages bruns de tes cheveux, Au paysage intérieur de tes visages saisonniers, Aux valentins des dimanches rieurs trop vite avalés. À la table Aux sons des souvenirs de demain, Aux visiteurs que nous aimons Et dont nous conservons les ombres dans un cahier relié de rires. À la frange, À la lenteur indigène de tes gestes, De tes verbes en velours de février, De tes regards lancés qui nous atteignent, qui nous étreignent et nous baptisent, Nous, Hommes de la Manche, Païens nus et fascinés par les aurores, Paysans de la mer assoiffés des parfums de tes villes, Chiens en chats et fils de la lune. Et nous tendons nos bras blessés À la limite de crier la liberté. À l'orée de voir tes vallées fécondes. À la rupture de tous les jeûns. À ta nuque dénudée. Au hasard des matins bleus. À la reine, au roi, et à la route. Texte et photographie Guillaume Le Vot