Je lève mon verre au banquet funèbre de mes journées jumelles.
Naître à l’aube, courir puis décliner chaque soir.
Je m’envole, phénix anodin,
Fidèle frère à mes frères, oiseau de mauvais augure.
Je suis l’unique invité à mes funérailles incessantes.
Je bois à la santé volatile, au souvenir de ne plus me souvenir,
Et brûle mes entrailles avec joie et méthode,
Avec l’application sourde d’un autiste inutile.
De l’eau de feu naît la pluie de nuit,
Cette fille éternelle aux épaules frêles
Qui m’enveloppe du plaisir opiacé de l’oubli
Et laisse sous ses caresses des cicatrices tristes.
Au matin, quand pénètre l’air vif écarlate,
Le souffle de la vie, du monde, de la ville,
Je m’ébroue et me baigne de l’espoir
d’être lavé de mes sinistres faits d’âme.
Passé le zénith, ma vile volonté vacille.
De la soif du néant surgira au crépuscule
L’envie liquide d’en finir, de s’imbiber d’essence,
De crier en riant sur un bûcher de soi,
Phénix de grande marée aux ailes engluées.
Guillaume Le Vot
Décembre 2017