ÉCLIPSE
Où sont mes frères
qui chantaient le vent dans les ports de corsaires ?
Où sont mes soeurs
qui avaient le cran de donner vie à l’amour avec leur verbe ?
Il n’y a plus d’hommes sur cette terre,
on n’en voit que les ombres qui glissent sous la lune.
Plus de bruits de machines dès l’aube, plus de clameurs fauves,
Plus la peur qui fait vivre et la vie qui fait peur.
Sous le ciel de charbon plus de nations hâtives,
juste quelques mots qui s’évanouissent, accrochés aux cimes du grand chêne,
et les silhouettes fugaces de nos années vertes
que la flore emporte en torrent dans les replis de son corps.
Quand le soleil sera au zenith, je disparaîtrai.
Dans les vapeurs des marais,
Dans le grognement des branches du saule,
je serai les accents du dialecte naissant des oiseaux chronophages.
Guillaume Le Vot
Juillet 2017