Je t’ai vue dans le métro.
Ton pantalon mongol contenait les vents des steppes import-export.
Il bougeait tout, me remuait à brut.
Bousculaient mes boussoles les épaules dorées de ta veste militaire.
Tu étais cavalier tatar d’un automne balkanique.
Tes étoffes polychromes arrachaient aux passants des couleuvres de lumière
et répandaient l’indifférence assourdissante dans la fumée de notre passage.
Tu étais changement d’un autre homme volcanique et correspondance dans la plaine de mes yeux-crépuscule.
Je t’ai vue à nouveau et le monde s’éloignait. Comme la première fois.
J’ai refusé aux milliers de voyageurs fous de faim la chance d’effleurer tes doigts fous de soif,
refusé que s’éparpillent les bulles fragiles de nos regards voraces.
J’ai manqué ma station. J’ai aimé et maudit l’absolue inconnue de notre profonde intimité de pacotille.
Sous ton corps en dédouble s’égrainaient les sentiers fleuris de nos rues finies.
Et les paysages innombrables du printemps profane des cavaliers tatars.