Bleue, es-tu de retour du pays déchiré aux coteaux bleus anciens ?
As-tu vu les landes en dentelle à fleur d’eau et les roches opales de peau ?
Et la mer qui peut-être est la même ici que chez toi.
De la poussière, es-tu de retour de la poussière d’Iliade, des îles blanchies à la chaux des souvenirs ?
Là où les montagnes jaillissent entre deux eaux pour ne plus redescendre.
Le sel a-t-il le même goût sur ta peau ici et là ?
Malade, as-tu laissé là-bas ta maladie des tropiques gaéliques, celle qui s’immisce sous la peau et qui bouillonne dessous, fort et sans rémission ?
As-tu jeté du haut des collines de plâtre immémorial les maux qui nous ont fait et nous défont.
Ici aussi, l’aride azur dessine-t-il avec patience des sillons sur tes lèvres ?
Le vent, as-tu perdu la trace et la racine des oliviers, danseurs immobiles, lents penseurs qui te regardent au-delà ?
Sais-tu noisette, la pointe de tes cheveux attire toujours les rameaux d’air vif des terres qui n’en finissent pas.